Des serres victoriennes aux anciens canaux d’eau, une nouvelle série de projets a été annoncée dans le cadre des efforts déployés pour sauver les sites les plus précieux de la planète.
Le World Monuments Fund, une organisation indépendante dédiée à la protection du patrimoine culturel, a annoncé un financement de 15 millions de dollars pour des sites du monde entier, notamment à Londres, dans la vallée de Kathamandu, au Népal, et dans les Andes péruviennes.
L’UNESCO estime qu’un site du patrimoine culturel sur six est menacé par les effets du climat, qu’il s’agisse de conditions météorologiques plus irrégulières, de températures plus élevées, d’inondations, de sécheresses ou d’espèces envahissantes.
La question « est urgente si nous voulons préserver les plus grandes réalisations de l’humanité », a déclaré Benedicte de Montlaur, présidente et directrice générale du WMF, lors de l’annonce de mercredi.
La liste de 2024 comprend la renaissance d’anciens systèmes d’approvisionnement en eau afin de fournir des sources fiables alors que les pénuries augmentent pour des milliards de personnes dans le monde. Dans de nombreux endroits, les infrastructures traditionnelles d’approvisionnement en eau peuvent encore fonctionner mais sont tombées en ruine.
En Inde, où la moitié du pays est confrontée à un stress hydrique élevé ou extrêmement élevé, les systèmes qui ont capté et stocké l’eau pendant des générations sont remis en état avec l’aide des communautés locales.
Un projet similaire est en cours dans la vallée de Katmandou, au Népal, où 20 % des habitants n’ont pas accès à l’eau courante.
La région possède des systèmes traditionnels de distribution d’eau composés de canaux complexes, souvent des jets sculptés, appelés Hitis, qui ont été victimes du développement rampant et de la perte de connaissances sur la façon de les entretenir. Le WMF prévoit de cartographier et de documenter l’emplacement des Hitis et de créer des directives sur la manière de les entretenir.
Le troisième projet se déroule au Pérou, où un système de barrages, de bassins de rétention et de canaux, qui déplacent l’eau des hautes vers les basses altitudes à travers les Andes, a été utilisé pendant 1 000 ans. Ce système a commencé à disparaître à l’époque coloniale et le WMF et ses partenaires ont l’intention de le faire revivre. Une partie du plan consistera à enseigner aux communautés indigènes les techniques traditionnelles d’entretien afin que l’eau soit disponible pour l’usage quotidien et l’irrigation des terrasses agricoles.
Une autre des priorités de 2024, baptisée « serres plus vertes », est mise en œuvre dans les jardins londoniens de Kew. La Palm House et la Waterlily House, qui ont toutes deux des systèmes de chauffage victoriens, sont utilisées comme pilotes pour développer des serres neutres en carbone qui pourront être reproduites dans le monde entier.
« Réussir à rendre neutres en carbone des bâtiments historiques aussi importants serait une réussite majeure, et en tant que tels, ils ont le potentiel de devenir des modèles pour les transitions énergétiques des bâtiments historiques en activité, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi dans le monde entier », note le WMF.
« Assurer l’héritage de la Palm House permettra également de sauvegarder la biodiversité essentielle qu’elle abrite ; bon nombre de ses espèces sont menacées ou même éteintes à l’état sauvage et sont étudiées par des scientifiques en vue d’applications possibles en médecine, dans les matériaux et dans la production alimentaire durable. »
Les travaux se poursuivront également dans le cadre de projets lancés en 2023. Le WMF participe aux efforts de reconstruction de l’église orthodoxe grecque d’Antioche et de la synagogue d’Antioche dans l’ancienne ville d’Antakya, l’une des plus touchées par les tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la Turquie et la Syrie en février dernier.
L’organisation participe à la sauvegarde des sites du patrimoine ukrainien depuis l’invasion russe il y a deux ans. Le WMF restaure le dôme de verre de la Maison des Enseignants, un monument de la capitale Kiev qui a accueilli le premier parlement de la République ukrainienne en 1917, après que des roquettes ont explosé à quelques centaines de mètres du bâtiment en octobre 2022.
Des projets sont également en cours sur le site du temple de Phnom Bakheng à Siem Reap, au Cambodge, qui a besoin d’une restauration majeure pour le protéger des dégâts des eaux et assurer sa stabilité structurelle.
La Synagogue des Tissus de Timișoara, en Roumanie, un lieu de culte situé au cœur d’une communauté juive importante et prospère, est en train d’être transformée en un centre culturel susceptible de revitaliser le quartier environnant.