L’entreprise demande au prochain gouvernement une mobilité « conçue pour les Espagnols, le tourisme et l’environnement ».
MADRID, 25 sept. (CALPA PARIS) –
FlixBus, entreprise spécialisée dans le transport par autobus à bas prix, a dénoncé le manque de libéralisation du marché des autobus en Espagne et ses conséquences négatives pour l’usager, comme elle l’a expliqué lors d’une conférence de presse tenue à Madrid.
L’entreprise, qui a déjà dépassé les cinq millions d’usagers en Espagne depuis son arrivée dans la région, affirme partager les conclusions du Ministère des Transports sur la carte concessionnaire espagnole du secteur, qu’elle qualifie d' »obsolète, inefficace et non planifiée ».
Le directeur général de FlixBus en Espagne et au Portugal, Pablo Pastega, a souligné qu’alors que l’Espagne a déjà libéralisé le marché de l’avion et est pionnière dans la libéralisation du chemin de fer, elle semble résister à la libéralisation de l’autobus, ce qui est « surprenant », surtout dans un contexte où « les plates-formes d’autopartage se développent si rapidement ».
Quant à l’éventuelle rentabilité du marché s’il était libéralisé, Pastega a affirmé qu' »il n’y a pas de lignes non rentables s’il y a une demande de services ». En fait, selon les données de Funcas, le coût du voyage en bus en Espagne est actuellement 41 % plus cher qu’au Portugal et 88 % plus cher qu’en France, deux pays où le secteur du transport par bus est ouvert.
Dans ce contexte, et en vue de la formation d’un nouveau gouvernement, FlixBus a appelé à la promotion d’une « mobilité conçue pour les Espagnols, le tourisme et l’environnement ».
LOI SUR LA MOBILITÉ DURABLE ET RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE
En ce qui concerne la proposition de loi sur la mobilité durable, l’entreprise reconnaît qu’elle « représente un progrès et permet d’étudier l’ouverture de certaines lignes », mais elle la juge tout de même « insuffisante ».
Plus précisément, FlixBus a insisté sur le fait que le modèle espagnol « manque de centaines de connexions directes » et que, actuellement, le règlement européen 1073/2009 n’est pas appliqué, ce qui permet le libre cabotage, qui augmenterait la connectivité et la fréquence de villes comme Badajoz, « sans aucun coût économique ou environnemental », car cela se ferait sur des itinéraires déjà existants.
La compagnie a même affirmé que « les petites destinations peuvent être reliées sans subventions ».
En ce qui concerne la non-application du cabotage en Espagne, Pastega a déclaré que le ministère donnait des « réponses vagues ». En outre, elle a dénoncé le nombre de concessions expirées qui existent actuellement en Espagne sur le marché du transport de passagers par autobus.
En ce qui concerne la deuxième phase de la libéralisation du secteur ferroviaire, le directeur a déclaré qu’en Espagne « l’accent est mis aujourd’hui sur les autobus ».
LE CAS DE L’OUVERTURE AU PORTUGAL
Le Portugal a libéralisé le marché en 2019 pour les trajets de plus de 50 kilomètres, connus sous le nom d' »Expresso ». L’ancien vice-ministre et secrétaire d’État à la mobilité et aux transports du Portugal, José Gomes Mendes, qui était responsable de l’approbation de cette loi, a également participé à la conférence de presse de lundi.
Dans son discours, il a assuré que cette initiative présentait « de nombreux avantages », ce qui a également été confirmé par le contrôle réglementaire de cette loi, qui considère que la mesure favorise la concurrence dans l’univers du transport public de passagers par route.
De plus, depuis la libéralisation du marché, les prix des billets ont été réduits de 24 % en 2022 pour la ligne Lisbonne-Porto et de 51 % pour la ligne Porto-Coimbra.
Par ailleurs, le nombre de licences d’exploitation est passé de 4 à 30 et le taux d’occupation moyen des bus est de 62%, atteignant plus de 70% pour certaines compagnies.
Dans le même temps, l’ancien vice-ministre a assuré que la connectivité n’avait pas été perdue dans les petites localités et a jugé étrange que le cabotage ne soit pas autorisé en Espagne.