Huawei rejette la « justification absolue » de Bruxelles pour que les pays de l’UE l’excluent de leur réseau 5G

Prévient que l’exclure du déploiement de l’infrastructure 5G pourrait entraîner des dépassements de coûts de plusieurs milliards d’euros.

MADRID, juin 16 (CALPA PARIS) –

Huawei a exprimé son rejet des commentaires de la Commission européenne faits jeudi dans lesquels elle a indiqué qu’elle considère « absolument justifié » que certains pays de l’Union européenne (UE) aient décidé d’exclure l’entreprise – ainsi que le chinois ZTE – du déploiement de leurs réseaux 5G en considérant qu’ils sont des fournisseurs qui posent de sérieux risques pour la sécurité nationale.

« Huawei s’oppose fermement et n’est pas d’accord avec les commentaires des représentants de la Commission européenne. Il est clair qu’ils ne sont pas basés sur une évaluation vérifiée, transparente, objective et technique des réseaux 5G », a déclaré l’entreprise dans un communiqué.

En ce sens, l’entreprise a souligné qu’elle comprenait le « souci » de la Commission européenne de protéger la cybersécurité dans l’UE, mais elle a estimé que les restrictions ou exclusions fondées, selon elle, sur des « jugements discriminatoires » poseraient de « graves risques économiques et sociaux ».

« Elles entraveraient l’innovation et fausseraient le marché de l’UE. Un rapport d’Oxford Economics indique que l’exclusion de Huawei pourrait augmenter les coûts d’investissement dans la 5G jusqu’à des dizaines de milliards d’euros », a-t-il déclaré, tout en avertissant que ces coûts supplémentaires devront être payés par les consommateurs européens.

« Le fait de désigner publiquement une entité individuelle comme fournisseur à haut risque (HRV) sans base juridique va à l’encontre des principes du libre-échange. Il est de la plus haute importance de souligner que l’évaluation discriminatoire du risque élevé ne sera appliquée à aucun fournisseur sans une procédure justifiée et une audition en bonne et due forme. En tant qu’opérateur économique dans l’UE, Huawei a des droits procéduraux et substantiels et devrait être protégé par les lois de l’UE et des États membres ainsi que par les engagements internationaux », a ajouté l’entreprise.

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Dans ce contexte, l’entreprise a souligné que la cybersécurité était la « priorité absolue » de Huawei et a rappelé qu’elle avait ouvert un centre de transparence en matière de cybersécurité à Bruxelles.

Comme l’explique l’entreprise, ce centre est ouvert aux clients et aux organismes de test tiers indépendants, qui sont « invités » à effectuer des vérifications de sécurité « justes, objectives et indépendantes » conformément aux normes reconnues par l’industrie.

« Nous restons déterminés à fournir des produits et des services certifiés et fiables à l’échelle mondiale qui connectent des millions d’Européens », a ajouté l’entreprise chinoise.

COMMENTAIRES DE BRUXELLES

La Commission européenne a déclaré jeudi qu’elle considérait comme « absolument justifié » le fait que plusieurs pays de l’UE aient décidé d’exclure les entreprises technologiques chinoises Huawei et ZTE du déploiement de leurs réseaux 5G, estimant qu’il s’agit de fournisseurs qui posent de sérieux risques pour la sécurité nationale.

« La Commission a publié une communication confirmant que la décision prise par certains États membres de restreindre ou d’exclure complètement Huawei et ZTE de leurs réseaux 5G est absolument justifiée et conforme aux recommandations (de Bruxelles) », a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur et des télécommunications.

Le libéral français a évité de nommer la « dizaine » de gouvernements de l’UE qui ont déjà pris la décision d’opposer leur veto aux deux entreprises chinoises en tant que fournisseurs, mais il a appelé les autres pays à prendre des mesures similaires pour « remplacer les fournisseurs à haut risque » dans leurs réseaux 5G et a invité les grands opérateurs à « se pencher » sur la nécessité de les remplacer également.

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M. Breton a également déclaré que l’exécutif de l’UE, qui, bien qu’il n’ait pas de pouvoirs dans ce domaine, a émis une série de recommandations aux États membres, appliquera les mêmes prérogatives dans sa propre politique d’approvisionnement en télécoms et de financement de programmes pour « éviter l’exposition à Huawei et ZTE ».

« Nous avons été capables de réduire ou d’éliminer en un temps record notre dépendance dans d’autres secteurs tels que l’énergie, alors que beaucoup pensaient que c’était impossible, et la situation avec la 5G ne doit pas être différente », a averti M. Breton dans des déclarations à la presse à Bruxelles, avant de noter que l’UE « ne peut pas se permettre de conserver des dépendances critiques qui peuvent être utilisées comme des armes » contre ses intérêts.

En ce sens, a-t-il poursuivi, ne pas corriger la situation constituerait « une vulnérabilité trop grave et un risque trop important pour la sécurité commune » et, pour cette raison, les États membres et les opérateurs doivent « prendre les mesures nécessaires sans plus tarder ».

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