Avec une dette d’environ 110% du PIB et dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, elle prévient que l’Espagne se trouve dans une « position vulnérable ».
MADRID, 21 (CALPA PARIS)
La présidente de l’Autorité indépendante pour la responsabilité fiscale (AIReF), Cristina Herrero, prévoit un ralentissement de la croissance économique en Espagne au second semestre « avec plus d’intensité et d’anticipation » que prévu, ainsi qu’une perte de dynamisme du marché du travail.
Les indicateurs et les données disponibles indiquent un ralentissement de la croissance économique au second semestre, qui s’accompagnera d’une certaine perte de dynamisme sur le marché du travail », a déclaré Mme Herrero lors de son intervention au « Nueva Economía Fórum ».
Selon la présidente de l’AIReF, les facteurs à l’origine de ce ralentissement de la croissance économique en Espagne étaient déjà anticipés avant l’été et ils se sont non seulement confirmés, mais la hausse des prix du pétrole s’y est ajoutée.
« Le ralentissement économique que nous avions anticipé avant l’été semble maintenant se produire avec plus d’intensité et plus tôt », a expliqué le président de l’organisme indépendant.
Dans ses dernières prévisions, l’AIReF anticipe une croissance économique en 2023 de 2,3 % en termes réels et estime une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,9 % pour 2024.
Parmi les facteurs affectant l’économie dans cette deuxième partie de l’année, Herrero a souligné la persistance de l’inflation sous-jacente, la remontée des prix du gaz et du pétrole, la détérioration du commerce international et le transfert du resserrement des conditions monétaires à l’économie réelle.
Selon le président de l’AIReF, la Banque centrale européenne a procédé il y a quelques jours à une nouvelle hausse des taux d’intérêt, ce qui, conjugué à un taux d’endettement en Espagne d’environ 110% du PIB, place le pays « dans une position très vulnérable ».
RETRAIT DES MESURES ANTI-CRISE POUR ATTEINDRE L’OBJECTIF DE 3% DE DÉFICIT
Les prévisions de déficit de l’AIReF pour 2023 sont de 4,1 % et prévoient que l’objectif de 3 % pourrait être atteint l’année prochaine, bien que cela dépende de deux facteurs fondamentaux, selon Herrero.
L’un d’entre eux est le retrait des mesures adoptées par le gouvernement central et actuellement en vigueur pour faire face à la crise énergétique et à la crise des prix, qui auront un impact de 1,1 % du PIB en 2023. L’autre facteur lié à la réalisation de l’objectif de 3 % est la modération de la croissance des dépenses des gouvernements régionaux.
Dans ces deux conditions, M. Herrero considère que l’ouverture d’une procédure de déficit excessif par l’Union européenne (UE) est « improbable », étant donné que l’Espagne parviendrait à passer sous la barre des 3 %.
GRANDE INCERTITUDE » CONCERNANT LA FORMATION DU GOUVERNEMENT
M. Herrero a reconnu qu’il y avait une « grande incertitude » concernant la formation du gouvernement national et s’est dit « préoccupé » par le fait qu’en 2024, l’Espagne sera confrontée au fait qu’il n’y aura plus de suspension des règles fiscales et que, par conséquent, si le nouveau cadre de règles n’est pas en vigueur, le précédent sera en vigueur.
Il a également rappelé que la Commission a formulé une recommandation spécifique pour l’Espagne, à savoir que la croissance des dépenses primaires nettes des mesures de recettes en 2024 doit être soumise à un taux de 2,6 %.
DEMANDE DES RÈGLES FISCALES EUROPÉENNES « RÉALISABLES ET CRÉDIBLES
En ce qui concerne les règles fiscales, M. Herrero estime que le cadre précédent, qui ne tenait pas compte des spécificités de chaque pays, « s’est avéré inefficace » et pense qu’il existe un « large consensus » en faveur d’une réforme du cadre fiscal européen à cet égard.
Il a toutefois insisté sur le fait que la crédibilité du cadre fiscal européen doit être garantie, étant donné qu’il a généré jusqu’à présent une certaine « désaffection ». « Nous devons nous assurer qu’ils sont crédibles et pour cela, ils doivent être réalisables », a-t-il réitéré.
« Le nouveau cadre des règles fiscales européennes exige une planification à moyen terme et des plans stratégiques qui nécessiteront certainement un consensus de la part de toutes les administrations publiques », a-t-il souligné.