Les entreprises estiment qu’il faut un cadre réglementaire plus prévisible et plus stable
MADRID, Sep. 7 (CALPA PARIS) –
Les principales compagnies d’énergie du pays se sont mises d’accord pour résumer les points qu’elles considèrent comme nécessaires pour que l’Espagne puisse se positionner en tant que leader énergétique en Europe. Il s’agit notamment d’une politique qui contribue à une énergie moins chère et plus compétitive, d’un Plan national intégré pour l’énergie et le climat (PNIEC) avec des objectifs plus réalistes et d’une réduction des délais de réglementation.
Telles sont les principales conclusions d’un débat organisé dans le cadre du « VIIIe Forum de l’énergie » par El Economista. En ce qui concerne la réglementation, le PDG de Repsol, Josu Jon Imaz, a indiqué que dans le domaine de l’énergie, il est « plus intéressé à regarder l’Union européenne », soulignant qu’elle est en train de jouer pour savoir si elle deviendra ou non un lieu d’investissement plus attractif que les États-Unis.
Imaz a résumé ses demandes au régulateur en termes de régulation de l’énergie en quatre caractéristiques : stabilité, prévisibilité, humilité et absence de parti pris idéologique. Il a également insisté sur le fait que la prochaine législature devrait se concentrer sur la compétitivité et le prix, en rendant l’énergie abordable pour les familles et les industries.
De même, l’exécutif a défendu lors de son discours que « l’énergie n’est pas le climat, l’énergie n’est pas la transition écologique, l’énergie est plus de choses », soulignant que le secteur doit avoir « sa propre vie en tant que politique ».
En ce qui concerne les taxes, M. Imaz a rappelé qu’un Espagnol paie aujourd’hui 327 euros de taxes pour chaque tonne de CO2 qu’il émet dans l’atmosphère, soit quatre fois le prix européen de ce CO2. « Par conséquent, nous devons chercher d’autres raisons si nous voulons augmenter les taxes sur les gens, mais nous ne devons pas nous cacher derrière la décarbonisation du CO2, car ce n’est pas vrai », a conclu le PDG de la multinationale.
Pour sa part, le PDG d’Endesa, José Bogas, a répondu à Imaz en soulignant qu’en Espagne « le charbon est un problème déjà résolu » et que le principal facteur d’émissions dans le pays est le transport. Cependant, il est d’accord avec le dirigeant de Repsol pour dire que la sécurité de l’approvisionnement, la compétitivité et le bien-être social doivent être recherchés dans le secteur, tout en visant à ce qu’il soit respectueux de l’environnement.
CRITIQUES DE LA NCIEC
Les objectifs du PNIEC, qui visent à atteindre 62 gigawatts (GW) d’énergie éolienne installée d’ici 2030, ainsi que 76 GW d’énergie photovoltaïque, 4,8 GW d’énergie solaire thermique, 1,4 GW d’énergie de biomasse et 22 GW d’énergie de stockage, ont constitué l’un des principaux points du débat.
Comme il l’a déjà dit à plusieurs reprises, M. Bogas estime que ce plan est « très ambitieux » et pense qu’il aurait dû se concentrer davantage sur l’électrification. Il a également fait remarquer que la distribution « est la grande oubliée » du cadre réglementaire et a encouragé les mesures d’incitation en faveur des infrastructures dans ce domaine.
Pour sa part, le PDG d’Acciona Energía, Rafael Mateo, a souligné que l’élaboration d’un plan « ne consiste pas à définir un volume de mégawatts (MW) à une certaine date ». En revanche, il estime que le développement du projet doit être « ordonné », afin de décider du nombre de MW à atteindre et de l’adéquation entre la transmission et la production.
« Investir dans la production sans investir dans la transmission ne mène à rien et ne sert à rien, si ce n’est à abuser des ressources des investisseurs », a déclaré Mateo.
Pour sa part, le président de TotalEnergies Electricidad y Gas, Javier Sáenz de Jubera, a exprimé son inquiétude quant à la manière dont un tel volume d’énergie renouvelable sera atteint d’ici 2030.
PLUS D’IMPORTANCE POUR LES CARBURANTS RENOUVELABLES
Sans quitter le PNIEC, le président de BP Espagne, Andrés Guevara, considère qu’il est nécessaire que ce plan fasse appel à d’autres matériaux tels que les carburants renouvelables et ne se limite pas à l’électrification comme « seule voie » vers la décarbonisation, car cela peut devenir compliqué lorsqu’il s’agit de moyens de transport lourds tels que les avions.
De son côté, le PDG de Cepsa, Maarten Wetselaar, a souligné l’idée que l’Espagne a une opportunité « unique » de transformer son économie dans les cinq ou dix prochaines années en promouvant l’hydrogène vert, un matériau « rentable » qui pourrait même faire du pays un exportateur d’énergie pour la première fois de son histoire.
Il a toutefois appelé à une révision « profonde » du traitement des permis de construire de certaines plates-formes, comme les stations de recharge rapide pour voitures électriques. Pour justifier cela, M. Wetselaar a expliqué qu’il faut environ 18 mois pour obtenir tous les permis nécessaires et seulement deux semaines pour construire la station.
DÉLAI D’OBTENTION DES PERMIS
Le directeur général d’Iberdrola Espagne, Mario Ruiz-Tagle, a donné une explication similaire en disant que dans le cas d’un parc photovoltaïque, l’obtention de toutes les autorisations nécessaires peut prendre jusqu’à quatre ans.
En ce qui concerne les permis et les cadres réglementaires, la PDG d’EDP Espagne, Ana Paula Marques, a également exprimé son opinion, estimant que la transition énergétique « est un impératif » pour lequel il est nécessaire d’avoir un cadre réglementaire plus prévisible et plus stable.