MADRID, 18 sept. (CALPA PARIS) –
Le président de Telefónica, José María Álvarez-Pallete, a de nouveau défendu ce lundi la nécessité de mettre en place en Europe le « fair share » (contribution équitable) pour pouvoir faire face aux investissements qui seront nécessaires dans les prochaines années pour améliorer le réseau, tout en demandant aux grandes entreprises technologiques d’en faire un usage « responsable ».
Lors d’un événement organisé par la GSMA – une organisation également présidée par M. Álvarez-Pallete – intitulé » Construire une Europe compétitive, numérique et verte » et axé sur la présidence espagnole de l’Union européenne, l’exécutif a soutenu que six grandes plateformes technologiques (Alphabet, Netflix, Microsoft, Meta, Amazon et Apple) génèrent à elles seules la moitié du trafic mondial.
« Certains acteurs (du marché) utilisent le réseau de manière irresponsable. Imaginez que quelqu’un conçoive des produits et des services qui consomment 50 % de l’oxygène ou 50 % des voies sur l’autoroute », a-t-il déclaré.
Il a souligné que la « part équitable » est un « appel désespéré » à une « utilisation responsable du réseau », et non une « taxe ».
Il a également souligné que le partage équitable ne menaçait pas la neutralité du réseau, l’un des arguments défendus par les grandes entreprises technologiques, qui ne sont pas d’accord avec les idées des principaux opérateurs de télécommunications sur le partage équitable.
Álvarez-Pallete a ainsi défendu le fait qu’ils ne cherchent pas à obtenir de l’argent des grandes entreprises technologiques. « Ce n’est pas leur argent, c’est notre argent que nous voulons récupérer », a-t-il déclaré.
Dans son discours, il a également affirmé que les opérateurs voulaient aller « plus vite » dans leurs investissements pour augmenter la couverture, au lieu d’avoir à investir de plus en plus dans l’augmentation de la capacité du réseau, ce qui, selon lui, profite à la fois aux citoyens et aux entreprises.
S’ils consomment plus de 5 % de la capacité du réseau (en référence aux grandes entreprises technologiques), ils auront deux ans pour passer sous la barre des 5 % (…) et si, au bout de deux ans, ils continuent à consommer plus de 5 % de la capacité, ils devront s’asseoir avec nous, avec un arbitre, pour décider de la manière dont ils vont nous indemniser, parce qu’ils nous obligent à consacrer une partie du spectre, une partie du « cœur », du réseau d’accès, uniquement pour eux », a proposé M. Álvarez-Pallete.
Dans son discours, il a également évoqué la situation du secteur des télécommunications en Europe et a souligné la baisse du chiffre d’affaires des principales entreprises au cours des dernières années, alors que dans d’autres régions, comme l’Asie-Pacifique et les États-Unis, la situation est inverse.
Dans ce contexte, Álvarez-Pallete a dénoncé l’atomisation du secteur en Europe et a qualifié d' »absurde » le fait qu’en Espagne il y ait quatre grands opérateurs sur le marché alors qu’en Chine il n’y en a que trois.
« Le fait qu’il y ait plus d’acteurs en Espagne qu’en Chine a-t-il un sens économique ? C’est absurde et insoutenable (…) Est-il logique qu’en Europe un opérateur couvre 5 millions de clients, qu’aux États-Unis il couvre 107 millions de clients et qu’en Chine il couvre près de 500 millions de clients », a-t-il critiqué.
Il a également regretté qu’il existe en Europe 28 réglementations différentes pour réguler le spectre radioélectrique, ce qui, selon lui, ne correspond pas à une vision industrielle appropriée pour l’avenir de l’UE.