Il a défendu la nécessité pour les grandes entreprises technologiques de payer pour l’utilisation du réseau afin de s’attaquer à l’investissement dans l’infrastructure.
MADRID, 29 juin (CALPA PARIS) –
Le président de Telefónica España, Emilio Gayo, estime que les entreprises de télécommunications en Europe ont un problème d’évolutivité et de revenus qui se répercute sur la difficulté d’aborder les investissements dans les réseaux qui seront nécessaires dans les années à venir sur le Vieux Continent en prévision de l’augmentation du trafic de données qui se produira.
Dans son intervention lors de la sixième édition du DigitalES Summit, le dirigeant de Telefónica a souligné qu’en Europe, il y a trop d’opérateurs par rapport à la taille de la population de la région, ce qui n’est pas le cas dans d’autres régions, comme les États-Unis, où il n’y a que trois grandes entreprises de télécommunications.
« Les faiblesses (du secteur) sont clairement visibles au niveau européen. Un marché de 500 millions d’Européens compte une centaine d’opérateurs, contre trois aux États-Unis. C’est une question d’échelle et, si l’on parle d’investissement, l’échelle est fondamentale. C’est une faiblesse, mais ce n’est pas la seule. Notre secteur est déflationniste, ce sont donc deux variables qui rendent encore plus difficile l’investissement que nous devons faire », a-t-il déclaré.
Dans le même ordre d’idées, il a souligné que les revenus des opérateurs européens ont baissé ces dernières années, alors qu’ils ont augmenté aux États-Unis.
Il a également rappelé que la Commission européenne a chiffré à 174 milliards d’euros les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de connectivité fixés par l’Union européenne (UE) à l’horizon 2030.
Dans ce contexte, M. Gayo a de nouveau souligné la nécessité pour l’Union européenne d’appliquer ce que l’on appelle le « fair share » (contribution équitable), une mesure préconisée par les principaux opérateurs de télécommunications et qui implique que les grandes entreprises technologiques, telles que Netflix, Amazon et Meta (propriétaire de Facebook, WhatsApp et Instagram), entre autres, paient pour l’utilisation du réseau et contribuent ainsi à financer les investissements nécessaires.
Cependant, cette mesure n’est pas du goût des grandes entreprises technologiques, qui considèrent que son application entraînerait une augmentation du prix de leurs services pour leurs clients, alors que, selon elles, elle irait à l’encontre de la neutralité de l’internet.
Selon M. Gayo, le modèle actuel en Europe n’est pas viable pour entreprendre les investissements dans les infrastructures qui sont nécessaires dans les années à venir, c’est pourquoi il a également souligné l’importance d’établir un « cadre sectoriel simplifié » dans l’UE.
Le président de Telefónica España a ainsi souligné la nécessité d’adapter la réglementation européenne à « la réalité de ce siècle » et a également appelé à une révision du cadre fiscal.
Il a également insisté sur la nécessité de continuer à promouvoir la collaboration public-privé, sans laquelle, selon lui, l’Espagne ne serait pas actuellement en tête du classement européen en termes de réseaux de télécommunications.
Il a également insisté sur la nécessité d’améliorer les aspects éducatifs afin d' »accompagner » la formation des talents en Espagne dans ce « nouveau scénario numérique », dans lequel « beaucoup de formation en technologie » est nécessaire.
« L’Espagne, grâce à ses infrastructures (de télécommunications) et d’énergie, à son talent et à sa façon d’être, est le pays le plus apte à devenir le centre numérique européen », a déclaré M. Gayo.