Elle estime que le PIB s’est accéléré à 0,6 % au deuxième trimestre et abaisse sa prévision d’IPC à 3,2 % pour cette année.
MADRID, 19 juin (CALPA PARIS) –
La Banque d’Espagne a révisé à la hausse sa prévision de croissance de l’économie espagnole pour 2023 de sept dixièmes de point de pourcentage, de 1,6 % à 2,3 %, en raison d’une progression » plus intense » de l’activité au cours des premiers mois de l’année et de la révision effectuée par l’Institut national de la statistique (INE) des données du PIB pour les derniers trimestres de 2022, qui, ensemble, expliquent cinq des sept dixièmes de point de pourcentage de l’amélioration de son estimation pour 2023.
Ainsi, le directeur général de l’Économie et des Statistiques de la Banque d’Espagne, Ángel Gavilán, a souligné que l’amélioration des projections du PIB pour 2023 est fondamentalement due à des « données déjà passées », car les perspectives de croissance pour les prochains trimestres ne subissent pas de changements significatifs.
Le reste de la révision à la hausse de la croissance de cette année est dû au fait que le dynamisme de l’activité au deuxième trimestre sera plus important que prévu dans ses projections de mars. Concrètement, pour le deuxième trimestre de cette année, la Banque d’Espagne estime que la croissance trimestrielle sera de 0,6 %, soit un dixième de point de pourcentage de plus qu’au premier trimestre, en raison du plus grand dynamisme de la consommation des ménages.
Cependant, M. Gavilán a averti que, bien que les perspectives pour le deuxième trimestre soient bonnes, » la tendance est à la baisse « , étant donné les » signes de faiblesse » que certains indicateurs ont envoyés ces dernières semaines, comme la confiance, l’investissement dans le logement ou certaines dynamiques sur le marché du travail, des signes qu’il a dissociés de la convocation d’élections générales le 23 juillet.
LA COMMISSION EUROPÉENNE RÉDUIT LA CROISSANCE D’UN DIXIÈME DE POINT DE POURCENTAGE POUR 2024
Pour 2024, la Banque d’Espagne a revu à la baisse sa prévision de croissance d’un dixième de point de pourcentage à 2,2 %, reflétant principalement un resserrement des conditions de crédit par rapport à ce qui avait été anticipé en mars, tout en maintenant la prévision pour 2025 à 2,1 %.
Dans son rapport de prévisions macroéconomiques de juin, l’institution souligne que l’affaiblissement des pressions inflationnistes, avec des prix des matières premières « un peu plus favorables » à la croissance en 2023 que ceux estimés dans ses projections de mars, et le rythme d’exécution des projets associés aux fonds européens, permettront à l’expansion de l’activité de se poursuivre pendant le reste de l’année.
Elle prévient toutefois que cet effet sera contrebalancé par l’impact plus négatif sur l’activité du resserrement des conditions de financement dû à la hausse des taux d’intérêt pour contenir l’inflation.
M. Gavilán a souligné que les fonds européens apporteront un soutien important à la croissance économique dans les années à venir, mais a averti que leur impact final dépendra de la manière dont ils seront alloués.
À cet égard, il a signalé que, d’après les informations disponibles, les appels d’offres liés aux fonds sont attribués à des entreprises » relativement grandes » qui ont peu de difficultés à accéder au crédit, sauf dans le cas du Kit numérique, destiné aux PME. Cependant, M. Gavilán a affirmé que le soutien aux petites entreprises pouvait accélérer leur développement et contribuer positivement à l’investissement à long terme.
Le directeur général de l’économie et des statistiques de la Banque d’Espagne a souligné que la croissance de l’économie espagnole sera supérieure à celle de la zone euro jusqu’en 2025, bien que cela ne permette pas encore de combler l’écart qui s’est creusé entre l’Espagne et la zone euro, en termes de niveau de PIB, au début de la pandémie.
M. Gavilán a souligné qu’avec les données du premier trimestre, l’Espagne se trouve déjà pratiquement aux niveaux d’avant la pandémie en termes de PIB et au-dessus en termes de nombre d’employés.
LE GOUVERNEMENT ESPAGNOL ABAISSE LE TAUX D’INFLATION MOYEN À 3,2 % POUR CETTE ANNÉE.
En ce qui concerne l’inflation, l’agence a abaissé le taux moyen pour cette année d’un demi-point à 3,2%, en raison d’un ralentissement « plus fort que prévu » des prix de l’énergie et, dans une moindre mesure, des prix des denrées alimentaires, dont elle considère que la croissance a « atteint un pic, avec une forte probabilité », en février de cette année, lorsqu’ils ont grimpé de 15,7%.
Concrètement, il calcule que l’inflation générale sera inférieure à 2 % au mois de juin, bien qu’elle reprenne au second semestre en raison de l’effet de base des prix de l’énergie et du retrait des mesures anti-crise, une tendance qui se poursuivra en 2024, année pour laquelle il maintient sa prévision d’un IPC moyen de 3,6 %, pour retomber ensuite, en 2025, à 1,8 %.
Bien que les salaires augmentent en termes réels au cours des prochaines années, M. Gavilán a indiqué que l’on ne s’attend pas à des effets de second tour sur l’inflation, étant donné que l’on s’attend à une croissance plus faible des bénéfices des entreprises. De plus, il estime que le risque que ces effets se produisent via les salaires a été réduit avec la signature de la convention collective interconfédérale pour 2023-2025 entre les syndicats et les employeurs.
En ce qui concerne l’inflation sous-jacente, l’institution révise à la hausse ses projections de mars pour 2023 de deux dixièmes, à 4,1%, et abaisse celles pour 2024 et 2025 d’un dixième, à 2,1% et 1,7%, respectivement.
La Banque d’Espagne souligne que, dans un contexte où le degré d’incertitude reste élevé, les risques entourant les projections de croissance « sont fondamentalement orientés à la baisse, tandis que dans le cas de l’inflation, ils sont considérés comme relativement équilibrés ».
LE TAUX DE CHÔMAGE, LE DÉFICIT ET LA DETTE S’AMÉLIORENT
La Banque d’Espagne prévoit que la « solidité » des créations d’emplois se maintiendra jusqu’en 2025, de sorte que le taux de chômage moyen s’établira à 12,2 % cette année (un demi-point de moins qu’estimé en mars), à 11,5 % en 2024 (contre 12,3 % estimé il y a trois mois) et à 11,3 % en 2025, soit sept dixièmes de point de moins que dans ses calculs du mois de mars.
Dans ses nouvelles projections, la Banque d’Espagne améliore ses estimations du déficit et de la dette publique pour 2023-2025. En particulier, pour 2023, elle prévoit un déficit public de 3,8 % du PIB, contre 4,1 % estimés précédemment, et place la dette publique à 109,7 % du PIB, contre 111,1 % en mars.
Pour 2024, le déficit est estimé à 3,4 % du PIB (3,5 % dans les prévisions précédentes) et la dette à 107,4 % (108,8 % auparavant), tandis que pour 2025, le déficit est estimé à 4 % (4,4 % auparavant) et la dette à 108 % du PIB, ce qui est mieux que les 109,9 % prévus en mars dernier.
M. Gavilán a expliqué que cette amélioration des prévisions de déficit et de dette publique est due à la révision de l’environnement macroéconomique et financier. Quoi qu’il en soit, il a averti que le secteur public continuerait à présenter un « déséquilibre fiscal élevé » dans ses projections jusqu’en 2025.
La Banque d’Espagne souligne que les hypothèses budgétaires de ces projections intègrent le deuxième volet de la réforme des retraites, ainsi que les nouvelles aides au secteur primaire et les subventions au transport destinées aux jeunes, ce qui, selon ses calculs, implique une « légère détérioration transitoire » du solde public d’un dixième du PIB d’ici 2023.
Les prévisions de l’institution sont également basées sur des mesures déjà approuvées, avec l’hypothèse d’un « renversement partiel des surprises à la hausse des recettes fiscales » qui se sont produites en 2020 et 2021.
Il explique ici que la suppression progressive des mesures relatives à la pandémie et à l’inflation aura un effet positif sur le solde public d’environ un point de PIB tant en 2023 qu’en 2024. En revanche, en 2025, l’impact sera négatif, de quatre dixièmes de point de PIB, en raison de la fin des taxes sur l’énergie et les banques.