La banque française Banque Postale subirait la plus forte destruction de capital dans le scénario le plus défavorable.
MADRID, 28 (CALPA PARIS)
Les grandes banques européennes verraient leur solvabilité se dégrader de 459 points de base dans le scénario le plus pessimiste de l’Autorité bancaire européenne (ABE), qui ramènerait le ratio de fonds propres CET1 à 10,4 % en moyenne d’ici 2025, contre 15 % au départ fin 2022, avec des pertes combinées de 496 milliards d’euros.
Les résultats du test de résistance de 2023 montrent que les banques européennes restent résistantes dans un scénario défavorable combinant une récession sévère dans l’UE et dans le monde, ainsi qu’une hausse des taux d’intérêt et un élargissement des écarts de crédit, souligne l’Autorité.
À cet égard, l’ABE souligne que cette résilience des banques de l’UE reflète en partie la forte position en capital au début de l’année, avec un ratio CET1 de 15 % en moyenne (« fully-loaded ») qui permet aux banques de résister à la consommation de capital dans le scénario défavorable.
Ainsi, dans le scénario le plus sévère, la détérioration des fonds propres serait de 459 points de base, ce qui donnerait un ratio CET1 de 10,4 % à la fin du scénario (2025). À cet égard, l’ABE souligne que l’augmentation des bénéfices et l’amélioration de la qualité des actifs au début de 2023 contribuent à modérer l’épuisement du capital dans le scénario défavorable.
« Malgré des pertes combinées de 496 milliards, les banques de l’UE restent suffisamment capitalisées pour continuer à soutenir l’économie même en période de fortes tensions », souligne l’ABE, avertissant toutefois que le niveau élevé d’incertitude macroéconomique souligne l’importance de rester vigilant, avertissant que « les superviseurs et les banques devraient être préparés à une éventuelle détérioration des conditions économiques. »
L’Autorité a noté que si la baisse du ratio de capital agrégé est moins importante dans le test de cette année que dans le test mené en 2021, lorsque le ratio avait baissé en moyenne de 485 points de base pour atteindre 10,2 %, la dispersion entre les banques s’est accrue.
Elle considère également que l’impact plus faible sur le capital global en termes de CET1 reflète les bénéfices plus élevés des banques au début de l’exercice 2023, soulignant la contribution des revenus nets d’intérêts (NII), entraînés par les augmentations des taux d’intérêt dans le scénario défavorable.
MIEUX ET PIRE.
Parmi les 70 banques examinées, la consommation de capital la plus élevée dans le scénario le plus défavorable des tests correspondrait à la Banque Postale française, avec une baisse de 1 462 points de base, ce qui signifierait également que cette banque épuiserait complètement ses réserves de fonds propres de base de la plus haute qualité CET1, après avoir commencé l’année avec un ratio de 14,7 %.
Les autres banques qui brûleraient le plus de capital dans le scénario le plus pessimiste proposé par l’ABE seraient la Volksbank néerlandaise, avec une consommation de 1 025 points de base, réduisant son ratio CET1 à 10 % en 2025, contre 20,3 % au début de la simulation.
La filiale irlandaise de la Barclays Bank consommerait un total de 974 points de base dans le scénario le plus défavorable, tandis que la banque française BofA Securities Europe détruirait 968 points de base et que les banques allemandes Morgan Stanley Europe Holding et Citigroup Global Markets Europe consommeraient respectivement 877 et 860 points de base.
En revanche, la banque polonaise Bank Polska Kasa Opieki parviendrait à accroître sa solvabilité de 50 points de base dans le scénario le plus défavorable, atteignant 15,4 % contre 14,8 % dans le scénario de référence, tandis que la banque publique suédoise Länsförsäkringar Bank augmenterait son volant de fonds propres de 40 points de base, passant de 15,4 % à 15,8 %.
LES BANQUES ESPAGNOLES, CELLES QUI CONSOMMERAIENT LE MOINS DE CAPITAL
Parmi les principales économies de l’UE, les banques espagnoles examinées parviennent à se classer parmi celles qui consomment le moins de capital dans le scénario de crise, avec une destruction moyenne de 242 points de base pour les huit banques espagnoles examinées, contre 459 points pour la moyenne de l’examen.
Plus précisément, Bankinter, qui a commencé en décembre 2022 avec un ratio de capital CET1 dans sa variante « fully loaded » de 11,86 %, le réduirait à 10,28 % en 2025 dans le cadre du scénario défavorable, de sorte que l’impact est de 158 points de base.
Banco Santander aurait un impact sur sa solvabilité de 171 points de base, passant de 12,04% CET1 en décembre 2022 à 10,33% en 2025, tandis que Kutxabank subirait un impact négatif de 195 points de base, ce qui équivaut à enregistrer un ratio de capital CET1 « fully loaded » de 15,26% en 2025, contre 17,21% au début du test.
De leur côté, les banques allemandes enregistreraient une consommation moyenne de capital dans le scénario le plus défavorable de 583 points de base, passant de 15,42 % à 9,59 % en 2025, tandis que les banques françaises détruiraient 530 points de base de capital, passant de 15,18 % au début de l’exercice à 9,15 % au cours de la dernière année. Pour leur part, les banques italiennes examinées consommeraient en moyenne 410 points de base, avec un ratio CET1 en 2025 de 11,55 %, contre 15,65 % au début de l’année.
SCÉNARIOS.
L’ABE a examiné cette année un total de 70 institutions de l’UE, dont huit espagnoles, y compris 57 des pays membres du Mécanisme de surveillance unique (MSU), couvrant environ 75 % des actifs totaux du secteur bancaire dans l’UE et en Norvège. Par rapport aux tests de résistance précédents, l’exercice 2023 a porté sur 20 banques supplémentaires.
L’Allemagne est le pays qui compte le plus grand nombre de représentants dans les tests, avec 14 établissements, devant les huit banques italiennes examinées et les huit espagnoles, tandis que la France compte sept établissements. Dans le cas de l’Espagne, les banques testées par l’ABE sont Abanca, BBVA, Banco de Sabadell, Banco Santander, Bankinter, CaixaBank, Kutxabank et Unicaja Banco.
Dans l’édition 2023, le scénario défavorable a pris en compte des tensions géopolitiques hypothétiques, ainsi qu’une inflation élevée et des taux d’intérêt plus élevés, avec des effets négatifs importants sur la consommation privée et l’investissement, tant au niveau national que mondial.
Ainsi, en termes de baisse du PIB, le scénario défavorable de la révision envisageait une baisse cumulée sur l’horizon de la révision de 6 % du PIB pour l’UE-27 et de 5,9 % pour les pays de la zone euro, tandis que le chômage augmenterait par rapport au scénario de référence de 6,1 et 5,7 points de pourcentage, respectivement, pour atteindre 12,4 % dans la zone euro et 12,2 % dans l’UE en 2025.
De son côté, le taux d’inflation resterait inchangé cette année, à 9,2 % dans la zone euro et 9,7 % dans l’UE, et ne diminuerait qu’à l’horizon considéré, pour atteindre respectivement 3,7 % et 3,8 %. De plus, les prix du secteur résidentiel devraient baisser de 20,4% dans la zone euro et de 21,1% dans l’UE-27.
Dans le cas appliqué à l’Espagne, les tests de l’ABE ont envisagé une réduction globale de 5,4 % du PIB par rapport au scénario de base, inférieure à la moyenne de la zone euro et de l’UE, le chômage augmentant de 5,6 points de pourcentage pour atteindre 18,5 % en 2025, tandis que l’inflation harmonisée passerait de 9,6 % en 2023 à 1,3 % en 2025.
De même, dans le cas espagnol, les prix des logements accumuleraient dans le pire des scénarios une baisse de 19,4 %, tandis que celle du secteur de l’immobilier commercial serait de 25,7 % en trois ans.
Les taux d’intérêt à long terme en Espagne augmenteraient de 255 points de base par rapport au point de départ du scénario de base, contre une hausse de 192 points de base pour la zone euro et de 193 points de base pour l’UE-27.