L’OCDE relève la croissance de l’Espagne à 2,5 % en 2023, mais la ramène à 1,5 % en 2024

MADRID, 25 oct. (CALPA PARIS) –

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a revu à la hausse de deux dixièmes de point de pourcentage sa prévision de croissance pour l’Espagne en 2023, qu’elle estime à 2,5 %, bien que le groupe de réflexion pour les économies avancées ait revu à la baisse de quatre dixièmes de point de pourcentage sa prévision pour 2024, où il anticipe une expansion du PIB de 1,5 %.

Les nouvelles projections, contenues dans l' »Étude économique de l’Espagne », publiée mercredi par l’OCDE, indiquent un ralentissement du rythme d’expansion de l’économie espagnole après deux années de forte croissance en 2021-2022, dans le contexte de la reprise post-Covid-19, même si « elle restera soutenue ».

En ce sens, l’organisation basée à Paris considère que même si la demande intérieure ralentira son rythme, elle continuera d’être le principal moteur de croissance pour l’Espagne, dans un contexte d’affaiblissement de la demande extérieure.

De même, la croissance du PIB bénéficiera au cours des prochains trimestres du soutien significatif des dépenses publiques liées au Plan de récupération, de transformation et de résilience (PRTR), qui canalise les fonds européens et qui, selon le gouvernement, avec les réformes associées, augmentera le PIB de 2,7 points de pourcentage en 2023 et de 3,1 points de pourcentage en 2024.

Cependant, l’OCDE avertit que les perspectives sont assombries par des incertitudes significatives et des risques à la baisse, car une nouvelle escalade des conflits géopolitiques pourrait faire grimper les prix de l’énergie et l’inflation et aggraver les attentes économiques chez les principaux partenaires commerciaux de l’Espagne, tandis que la lenteur de la mise en œuvre du PRTR pourrait freiner la croissance plus que prévu.

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À l’inverse, une amélioration plus rapide que prévu de l’environnement international soutiendrait l’activité, de même qu’une mise en œuvre plus rapide et plus efficace des fonds du PRTR.

Début octobre, le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu sa prévision de croissance pour l’Espagne en 2023 à 2,5 %, tout en révisant à la baisse la projection pour 2024 de trois dixièmes de point de pourcentage à 1,7 %.

INFLATION

En ce qui concerne l’évolution des prix, l’OCDE souligne que l’inflation s’est sensiblement modérée en Espagne, grâce à la baisse des prix du pétrole et du gaz, aux réductions d’impôts et à la mise en œuvre de l’exception ibérique, bien qu’elle prévienne que les pressions sur les prix restent élevées.

À cet égard, elle note que la modération des prix de l’énergie par rapport à 2022 a été plus importante que dans d’autres économies européennes ; cependant, l’inflation alimentaire et l’inflation sous-jacente ont été plus faibles que dans d’autres pays.
restent élevées. La croissance des salaires nominaux est également contenue en dessous de l’inflation globale.

Ainsi, l’OCDE prévoit que le taux d’inflation s’établira cette année à 3,5 %, conformément à la projection précédente, tandis qu’en 2024, il s’élèvera à 3,7 %, soit trois dixièmes de point de pourcentage de plus qu’anticipé précédemment.

MARCHÉ DU TRAVAIL

Parallèlement à l’économie, le marché du travail espagnol s’est bien remis de la pandémie de grippe aviaire de 19 ans, parvenant à ramener le taux de chômage en dessous du niveau d’avant la crise, avec une croissance solide de l’emploi et atteignant les niveaux d’avant la pandémie en ce qui concerne le nombre total d’heures travaillées.

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Dans son analyse, l’OCDE note que la reprise du marché du travail a été soutenue par des mesures telles que la réforme 2021, dont les résultats préliminaires suggèrent des résultats significatifs dans la réduction de la dépendance excessive à l’égard des contrats temporaires.

Malgré les progrès accomplis, des défis subsistent sur le marché du travail espagnol, qui affiche toujours le taux de chômage le plus élevé de l’OCDE et reste particulièrement difficile pour les jeunes et les femmes.

En outre, les revenus moyens sont faibles par rapport aux autres pays de l’OCDE, ce qui, selon le groupe de réflexion, reflète les faibles compétences des travailleurs, mais aussi la faible productivité des entreprises.

« Le taux de chômage élevé reflète en grande partie des problèmes structurels, notamment le manque d’incitations pour les chômeurs à reprendre un emploi, l’inadéquation des compétences et des politiques actives du marché du travail insuffisamment efficaces », déclare l’OCDE, qui s’attend à ce que le taux de chômage tombe à 11.9 % cette année et à 11.5 % l’année prochaine.

FAIBLESSES STRUCTURELLES

Pour l’avenir, l’OCDE recommande que les politiques publiques continuent de s’attaquer aux faiblesses structurelles persistantes de l’Espagne, en s’appuyant sur plusieurs réformes entreprises depuis 2021, telles que la récente réforme du marché du travail, ainsi que plusieurs mesures récentes en termes de contrats de formation, de politiques actives de l’emploi et d’incitations à l’embauche qui devraient également soutenir l’emploi.

Deuxièmement, l’organisation avertit que les inégalités régionales et de revenus restent importantes et que la pauvreté, bien qu’elle ait diminué récemment, est comparativement élevée, en particulier chez les jeunes.

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L’organisation souligne également que le potentiel de croissance de l’Espagne est faible et devrait le rester, notamment en raison du vieillissement rapide de la population. Le pays devra donc investir davantage pour inverser cette situation et augmenter sa productivité totale des facteurs, qui est faible par rapport à celle des pays pairs.

3,5 % DE DÉFICIT ET 110 % DE DETTE D’ICI 2024

En ce sens, elle met en garde contre la détérioration des finances publiques, avec un déficit public estimé à 3,8 % du PIB cette année et à 3,5 % l’année suivante, tandis que la dette publique devrait dépasser 109 % en 2023 et 110 % l’année prochaine, « réduisant la marge de manœuvre pour les politiques publiques futures ».

D’autre part, il rappelle que l’Espagne continuera à bénéficier du programme « Next Generation EU », qui prévoit un investissement de 77,2 milliards d’euros d’ici à 2026, soulignant que la poursuite d’une mise en œuvre rapide et efficace des investissements et des réformes est essentielle pour tirer parti de « cette occasion unique de transformer et de renforcer l’économie espagnole et de faire face aux défis à venir ».

Parmi ces défis majeurs auxquels l’Espagne est confrontée, l’OCDE cite le changement climatique et d’autres questions environnementales, en particulier la pénurie d’eau et la qualité de l’eau, ajoutant que la loi de 2021 sur le changement climatique et la transition énergétique fixe l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050 et des objectifs intermédiaires ambitieux pour 2030.

« L’Espagne est bien placée pour relever ce défi grâce à une capacité technologique importante, à la présence d’entreprises de premier plan et à une chaîne de valeur consolidée dans les secteurs clés des énergies renouvelables », conclut-il.

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